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et se tordant comme des folles sur le revers du fossé.

Je vous donne cette histoire pour ce qu’elle vaut ; mais elle m’a été racontée de très-bonne foi, et vous le garantis. Mettez cela en partie au chapitre des hallucinations.

L’orme Râteau est un arbre magnifique, qui existait, dit-on, déjà grand et fort, au temps de Charles VII. Comme un orme qu’il est, il n’a pas de loin une grande apparence, et son branchage affecte assez la forme du râteau, dont il porte le nom. Mais ce n’est là qu’une coïncidence fortuite avec la légende traditionnelle qui l’a baptisé. De près, il devient imposant par sa longue tige élancée, sillonnée de la foudre et plantée comme un monument à un vaste carrefour des chemins communaux. Ces chemins, larges comme des prairies, incessamment tondus par les troupeaux du prolétaire, sont couverts d’une herbe courte, où la ronce et le chardon croissent en liberté. La plaine est ouverte à une grande distance, fraîche quoique nue, mais triste et solennelle Malgré sa fertilité. Une croix de bois est