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Cette tradition est universelle. Il y a peu de ruines, châteaux ou monastères, peu de monuments celtiques qui ne recèlent leur trésor. Tous sont gardés par un animal diabolique. M. Jules Canougo, dans un charmant recueil de contes méridionaux, a rendu gracieuse et bienfaisante la poétique apparition de la chèvre d’or, gardienne des richesses cachées au sein de la terre.

Dans nos climats moins riants, autour des dolmens qui couronnent les collines pelées de la Marche, c’est un bœuf blanc, ou un veau d’or, ou une génisse d’argent qui font rêver les imaginations avides ; mais ces animaux sont méchants et terribles à rencontrer. On y court tant de risques, que personne encore n’a osé les saisir par les cornes. Et cependant il y a des siècles que les grosses pierres druidiques dansent et grincent sur leurs frêles supports pendant la messe de minuit, pour éveiller la convoitise des passants.

Dans nos vallées ombragées, coupées de grandes plaines fertiles, un animal indéfinissable se promène la nuit à certaines époques indéterminées, va tour-