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chez les femmes, accentué chez les hommes, très-monotone, toujours en avant et en arrière, entrecoupé d’une sorte de chassé croisé. C’est quasi impossible à danser, si l’on n’est pas né ou transplanté depuis longtemps en Berry. La difficulté, dont on ne se rend pas compte d’abord, vient du sans-gêne des ménétriers, qui vous volent, quand il leur plaît, une demi-mesure ; alors, il faut reprendre le pas en l’air pour rattraper la mesure. Les paysans le font instinctivement et sans jamais se dérouter.

La cornemuse à petit ou à grand bourdon est un instrument barbare, et cependant fort intéressant. Privé de demi-tons accidentels, n’ayant juste que la gamme majeure, il serait un obstacle invincible entre les mains d’un musicien. Mais le musicien naturel, le cornemuseux du Berry (formé presque toujours en Bourbonnais) sait tirer de cette impuissance de son instrument un parti inconcevable. Il joue tout ce qu’il entend ; majeur ou mineur, rien ne l’embarrasse. Il en résulte des aberrations musicales qui font souvent saigner les oreilles, mais qui parfois aussi frappent de respect et d’admiration par