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grandioses des hautes montagnes et les débris formidables des grands cataclysmes.

Rien de semblable ici.

C’est un mouvement gracieux de la bonne déesse ; mais, dans ce mouvement, dans ce pli facile de son vêtement frais, on sent la force et l’ampleur de ses allures. Elle est là comme couchée de son long sur les herbes, baignant ses pieds blancs dans une eau courante et pure ; c’est la puissance en repos ; c’est la bonté calme des dieux amis. Mais il n’y a rien de mou dans ses formes, rien d’énervé dans son sourire. Elle a la souveraine tranquillité des immortels, et, toute mignonne et délicate qu’elle se montre, on sent que c’est d’une main formidablement aisée qu’elle a creusé ce vaste et délicieux jardin dans cet horizon de son choix.

Ce jardin naturel qui s’étend sur les deux rives de la Creuse, c’est l’oasis du Berry.

Chère petite Indre froide et muette de nos prairies, pardonne-le-nous ! tu es notre compagne légitime ; mais nous tous qui habitons tes rives étroites et ombragées, nous sommes les amoureux de la