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simplicité. Les filles sont droites, sérieuses, avec des yeux invariablement fixés à terre. J’ai toujours vu les étrangers, qui venaient à notre fête, très-frappés de leur air modeste.

Notre assemblée est une des moins brillantes du pays. Il en a toujours été ainsi : c’est parce qu’elle tombe en moisson et que la jeunesse est éparpillée au loin en ce moment. Je doute que le cabaretier qui nous dresse une ramée y fasse de brillantes affaires. Bien qu’il offre aux consommateurs liqueurs, bière et café, nos paysans, qui ne sont guère friands de ces nouveautés, n’en usent que par genre, et préfèrent le vin du cru, qui se débite en pichet dans les cabarets de la localité.

Les ménétriers semblent fort occupés ; mais deux sonneurs de musette, c’est trop pour si peu de monde, et leur journée a été mauvaise.

Le vieux Doré se targue pourtant d’avoir des droits à la préférence des gens d’ici. Il a été assez habile dans son temps, et il a beaucoup gagné. Il était seul alors pour cinq ou six paroisses et faisait souvent des journées de dix écus. Mais il s’est né-