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IX

10 juillet.

Une voix creuse et sépulcrale me réveille, et une pensée triste me traverse l’esprit.

Le pauvre petit maître d’école qui demeure en face, dans notre square, s’est laissé choir hier de son âne. On le disait brisé. Il est peut-être mourant.

Sans doute, cette voix de la tombe, c’est celle du prêtre qui vient prier pour son âme.

J’entr’ouvre le rideau et je me rassure. Il n’y a là qu’un vieux mendiant aveugle, récitant un long oremus en l’honneur du généreux Amyntas, qui vient de le bien traiter. Aussi, tandis que le propriétaire s’enfuit modestement dans les ruines de la forteresse, pour échapper à la litanie du remercîment, le vieux fait les choses en conscience et récite jusqu’au bout son antienne édifiante.