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ne soupçonna le mystère de sa vie. On ne sut pas en Dauphiné ce qu’elle était devenue. On apprit qu’elle avait conduit son père du coté de Lyon, chez un ménage de vieux domestiques qui lui étaient complètement dévoués et qui le soignaient comme un enfant. Sa folie est douce, à ce qu’il paraît. Il a entièrement perdu la mémoire, et ce ne serait pas un service à lui rendre que de la lui faire retrouver. On croit que mademoiselle de Valclos est partie comme institutrice pour la Russie. Ici, on n’a rien découvert non plus. Il n’y a que le père Bocage qui sache tout, et moi… qui ai tout appris,… hélas ! et, te l’avouerai-je ? en écoutant à travers une porte !… C’est que j’en suis fou ! vois-tu. C’est que, pour lui plaire et la persuader, je suis capable de tout ; c’est que… Mais tout est perdu ! Elle est, elle sera toujours vertueuse, c’est vrai, mais elle aime quelqu’un !

— Qui crois-tu que ce puisse être ? demandai-je à Léonce en feignant de m’intéresser à son chagrin.

— Ah ! qui peut savoir ? s’écria-t-il en faisant de grands gestes : elle a dit quelqu’un bien loin d’ici ! C’est peut-être un artiste qu’elle a connu à