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— L’idéal ? ça n’existe pas ! dit le gros personnage chargé des rôles de financier, en s’adressant au raisonneur.

Le raisonneur plaça ici un discours qui semblait emprunté à son répertoire. Il était devenu très-disert à force de raisonner en scène. Il dit que l’idéal était une chose relative, que chacun le bâtissait de toutes pièces dans son cerveau, le parait des séductions auxquelles son tempérament le rendait accessible.

— J’ai connu, dit-il, un homme de talent délicat et d’apparence exquise qui avait pour idéal une femme grasse, sachant bien faire la cuisine. — À votre âge, ajouta-t-il en s’adressant à moi, c’est le contraire, on aime les femmes diaphanes, qui ne vivent que de rosée.

— Ne t’en défends pas, me cria le jeune comique, un jeune premier doit être comme ça. Couper son pain en mouillettes et le tremper pour son déjeuner dans un bouton de rose ; rien d’assez subtil, rien d’assez parfumé pour Lindor ou pour Célio : aussi rien de moins propre aux soucis du ménage ! Voyez-vous d’ici Cinthio del Sole occupé à débarbouiller ses marmots ? Non, l’acceso, celui