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Je mis presque un genou en terre pour placer cette fourrure sous les pieds d’Impéria. Elle me remercia avec l’aisance d’une femme habituée aux égards, et remercia d’un nouveau salut son directeur. Elle recevait cette charité comme une bonne princesse reçoit l’hommage qui lui est dû. Je fus frappé en ce moment de l’expression ferme et calme de sa physionomie, j’en fus même effrayé. Elle n’avait pas besoin, elle, d’étudier les autres acteurs pour avoir des manières nobles et simples, elle leur en eût remontré à tous. Que je me sentais gauche et petit devant elle !

Pendant que l’ingénue pataugeait dans la dernière scène de l’acte, le régisseur impatienté, après avoir échangé quelques mots avec l’auteur, vint auprès d’Impéria :

— Faites attention à ce qu’on reproche à votre camarade. Le rôle va lui être retiré. Soyez prête à le répéter demain.

Impéria ne répondit rien, une larme coula sur sa joue.

— Eh bien, qu’est-ce que c’est ? reprit le régisseur.

— Ah ! monsieur, je n’avais pas encore été forcée de faire de la peine à quelqu’un !