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que vous y songeriez, si vous aviez un état et dix ans de plus !

— Maestro, lui dis-je, on prétend que la jeunesse est le plus beau temps de la vie ?

— C’est une opinion assez généralement répandue.

— Eh bien, moi, je trouve que cette opinion-là n’a pas le sens commun. Toutes les fois qu’à mon âge on est supposé former un projet quelconque, tout le monde se dépêche de vous crier : « Vous êtes trop jeune ! »

— Ah ! est-ce que… ?

— Non, je suis trop bien averti qu’un homme de vingt ans n’est bon à rien !

Je le quittai en maudissant mes belles années, et en me jurant, quand même, que je m’attacherais à Bellamare comme à la planche de salut.

Trois jours après, comme j’entrais dans ce même foyer des artistes, je tressaillis en voyant Impéria assise auprès du feu, et attendant la fin du deuxième acte en répétition, pour assister au troisième. La pauvre enfant était encore pâle et brisée. Son petit manteau était bien mince, sa chaussure bien mouillée. Elle se séchait d’un air indifférent et calme, les