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Dame ! je ne vous réponds pas que, quand elle en aura vingt…

On fut interrompu par la reprise du travail, et on descendit au théâtre. Je restai seul dans le foyer avec le chef d’orchestre, un homme excellent et plein d’esprit, qui relisait le manuscrit des premiers actes pour voir où il aurait à placer quelques phrases musicales. Il était très-bon et très-paternel avec moi ; je me hasardai à lui demander ce que c’était que Bellamare, et, comme ce personnage va jouer un rôle important dans mon récit, j’appelle votre attention sur les détails qui me furent donnés.

— Bellamare ? me dit le chef d’orchestre, vous n’avez pas encore entendu parler de Bellamare ? C’est l’ami de la maison, un ancien acteur d’ici. Il jouait les comiques et il avait du talent ; mais il parlait du nez, et sa voix ne portait pas sur une aussi vaste scène. Il avait eu de grands succès en province. Ici, le public le toléra et ne voulut pas l’adopter, si bien qu’au bout de quelques années il s’en retourna en province avec une troupe qu’il recruta et dressa à sa guise. Il a fait ainsi tantôt bien, tantôt mal ses affaires, mais toujours