Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je me trouvai seul dans une pièce basse, en carré long, ornée de portraits d’auteurs et de comédiens célèbres, mais ne regardant rien et comptant les pulsations de mon cœur agité. Quand la pendule sonna cinq heures, il y avait trois quarts d’heure que j’attendais. Les mouvements et les bruits du théâtre s’étaient peu à peu éteints ; tout le monde était allé dîner. Je n’osais faire un pas, le directeur m’avait certainement oublié.

Enfin, Constant reparut, la serviette à la main. Il s’était souvenu de moi au milieu de son repas, l’excellent homme !

— M. Bocage est encore là, me dit-il ; voulez-vous lui parler ?

— Certes, répondis-je.

Et il me conduisit dans un des cabinets de la direction, où je me trouvai en présence de Bocage. Le grand artiste me regarda d’un bel œil caressant qui ne manquait pas de finesse, me montra un siège, me pria d’attendre un instant, donna en moins d’une minute cinq ou six ordres à Constant, écrivit quelques lignes sur une demi-douzaine de feuilles de papier, et, quand nous fûmes seuls, me demanda ce que je voulais, d’un ton plein