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— Sortie, répondit brusquement une vieille femme grasse, qui avait pourtant une bonne figure.

— Quand rentrera-t-elle ?

— Je ne sais pas.

Et, me toisant de la tête aux pieds, d’un air demi-railleur, demi-bienveillant, elle ajouta :

— Avez-vous sa permission pour lui rendre visite ?

— Mais certainement, répondis-je misérablement troublé.

— Faites voir ! reprit la vieille femme en tendant la main.

J’allais m’enfuir, elle me retint en disant :

— Écoutez, mon petit, vous êtes de ces jolis garçons qui croient qu’il n’y a qu’à se montrer ; il en vient tous les jours, et ça ennuie cette jeune actrice, qui est sage comme un petit ange. Nous sommes chargés de dire aux beaux messieurs qu’elle ne reçoit jamais personne. Ainsi ne prenez pas la peine de revenir ; voilà, bonsoir, portez-vous bien.

Et elle releva à grand bruit, en ricanant, le vasistas qu’elle avait abaissé pour me parler.

Je me retirai mortifié et enchanté. Impéria était vertueuse, peut-être innocente comme elle le paraissait. J’étais amoureux fou. Je ne me moquais