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peut-être à défrayer une causerie à bâtons rompus, retarderaient ce qui vous intéresse, l’histoire de mes sentiments et de mes pensées.

Je vous ferai donc passer à vol d’oiseau par Turin, Florence, Trieste ; je vous ferai revenir par l’Autriche et la Suisse, où nous fîmes nos comptes, à Genève après quelques soirées assez bonnes. Nous avions boulotté, comme disait Moranbois, nous avions soixante-quinze francs de bénéfice net à partager entre sept sociétaires ; mais nous avions fait un voyage intéressant et presque confortable, les pensionnaires étaient payés et l’ami de Léon fut remboursé. Lucinde, Lambesq et Régine nous quittaient. C’était l’époque de mes vacances, et mon père m’attendait. Les autres associés allaient tenter fortune, on ne savait encore où. Je leur promis de les rejoindre après l’hiver, que je voulais passer à Paris, et, cette fois, Moranbois accepta l’emprunt de mes mille francs, nécessaires pour mettre mon directeur et mes camarades en état de se réorganiser.

Rentré dans mon faubourg de petite ville, entouré des raves et des asperges paternelles, j’eus le loisir de me résumer, comme je vais tâcher de le faire pour vous.