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vain qu’Anna, Léon et moi, nous avons remis dans la caisse de Moranbois, à l’insu de Bellamare, le surplus d’appointements qu’il nous avait forcés d’accepter. La saison finie, il a fait honneur comme toujours à tous ses engagements ; mais nous sommes arrivés ici avec rien, et, si je n’avais eu un assez bon lot de mes guipures à vendre, toujours à l’insu de Bellamare, qui ne connaît jamais exactement la comptabilité de Moranbois, j’ignore comment nous aurions pu vivre. À présent, nous sommes sûrs de payer nos chambres et le restaurateur. Léon a été à Blois chez son ami, que tu connais, je crois, et qui lui prête une somme que Bellamare accepte. Il accepte toujours parce qu’il trouve toujours moyen de rendre, et, quand il a rendu, il recommence à n’avoir plus rien ; c’est comme cela depuis si longtemps que sa sérénité n’en est jamais altérée, et que nous nous habituons à partager sa confiance.

Je me promis de mettre aussi un de mes billets de mille francs dans la caisse, et je continuai à questionner. Bellamare avait de grands projets pour l’été ; il voulait sortir de France, où nous avions trop de concurrents, et disait que, le français étant