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En me rappelant tout ce que j’avais entendu dans la chambre bleue, je reconnus que sa démarche exprimait et contenait ce mélange de courage et de prudence. Elle avait voulu savoir si j’avais le cœur entièrement libre, si elle pouvait s’en emparer sans danger ; elle ne permettait pas qu’on me parlât d’elle avant d’assurer ce point essentiel. Sans doute Bellamare l’avait satisfaite à cet égard, et elle n’attribuait alors mon refus qu’à la fierté modeste d’un pauvre diable épouvanté d’un rôle au-dessus de ses moyens ; c’est pourquoi elle m’avait écrit cette adorable lettre qui m’avait vaincu, moi ! et qui la laissait planer au-dessus de moi dans la force sereine de mon magnanime attachement. J’aurais dû comprendre, j’aurais dû me taire et faire agir le sincère et délicat confident de nos amours. Je n’avais pas osé lui livrer mes secrets, à cet excellent Bellamare ! Il était trop près d’Impéria. Il lui eût peut-être laissé deviner que je l’aimais — ou que je ne l’aimais plus.

Que devais-je répondre à la comtesse ? Je ne sais, mais je ne pus lui rien répondre. J’essayai vainement. Chaque élan d’amour, chaque protestation de sincérité que je tentais de formuler m’en-