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fureur. Je me procurai tous les livres sérieux que l’on put me prêter dans le pays. Je commençai à apprendre tout seul les langues, la musique, le dessin, l’histoire naturelle, me promettant de passer l’année suivante à Paris et d’y prendre autant de leçons que ma légitime pourrait en payer et que les journées pourraient en contenir. Mon père, qui était si fier de me voir lire et écrire de temps en temps, fut émerveillé de me voir lire et écrire jour et nuit. Il n’avait aucune idée de ce que peut être la fatigue du cerveau.

J’attendis avec anxiété l’effet de ma déclaration à la comtesse. Je fus désappointé de ne recevoir aucune réponse. Les vacances finissaient. Je partis pour Paris sans projet arrêté ; mais, ayant pris goût au travail et poussé par l’amour-propre, voulant réparer mon échec au théâtre en acquérant une valeur quelconque, je me tins parole : je m’isolai de mes anciens compagnons de plaisir, je m’enfermai avec des livres et ne sortis que pour aller à des cours ou à des leçons particulières. J’étais là depuis un mois, lorsque je reçus d’elle ce peu de mots :

» J’ai voyagé. Je trouve votre billet. Comme il