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seul, mais qui satisfaisait mon orgueil et me débarrassait, selon moi, d’une année de contrainte et de tourments.

Il en fut ainsi durant quelques jours, puis je songeai qu’il fallait pourtant répondre à Impéria. Je réussis à lui écrire longuement la lettre la plus folle et la plus gaie. J’y mis beaucoup de coquetterie, et je crois vraiment que la colère surmontée me donna de l’esprit. Je lui exprimai tout juste la dose d’attachement qu’elle m’avait si bien mesurée et ne témoignai aucun désir de la rejoindre. Je brûlais encore une fois mes vaisseaux, et croyais les brûler pour la dernière fois.

L’incident me rendit l’envie de travailler. Si la comtesse acceptait mon retour et comprenait ce cri spontané de mon cœur, je devais employer le temps qui me retenait loin d’elle à me rendre digne d’elle. Il n’était pas nécessaire pour cela que je fusse reçu avocat et que je fisse l’épreuve d’un talent douteux ; mais je devais étudier le droit pour n’être pas inhabile aux luttes de la vie pratique, et je devais en même temps développer et orner mon intelligence dans tous les sens, autant que possible. Je me remis donc à l’ouvrage avec une sorte de