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écrivant à l’Odéon, tu sauras toujours où je suis. Il suffirait, d’ailleurs, d’adresser tes lettres à Constant, il me les fera parvenir ; mais nous avons à apurer un autre compte. Je ne t’ai pas reparlé de la comtesse, tu ne m’as pas fait de questions sur elle : c’était notre devoir à tous deux. J’attendais ton initiative, tu attendais peut-être la mienne ; tant il y a qu’au moment de nous séparer, il faut nous expliquer sur son compte.

— N’avez-vous pas encore écrit à cette dame ?

— Si fait, je lui ai écrit la vérité. Je lui ai dit que tu avais entendu, bien malgré toi, ses confidences, et que tu ne connaissais pourtant ni son nom ni sa figure. J’ai ajouté que tu m’avais semblé irrésolu, que je t’avais conseillé de réfléchir, et que je ne te quitterais pas sans t’avoir demandé le résultat de tes réflexions. Parle le moment, est venu.

— Dites-lui, répondis-je, que je suis touché, reconnaissant ; que sa grâce m’a frappé, bien que ce fût à travers des draperies impénétrables ; que j’ai aperçu le bout d’un pied divin et l’or d’une royale chevelure… Ne lui dites pas que ces cheveux pouvaient être faux, et qu’il est difficile d’être amoureux d’une femme qui cache son visage et