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but dans la carrière des amours ! Je n’ai rien à t’apprendre ; puisque tu sais tout, ma commission est faite. C’est à toi de réfléchir et de te demander si tu consens à ce que cette première aventure soit la dernière de ta vie, car la dame l’entend ainsi, et son droit est de l’exiger. Que lui répondrai-je ?

— Vous feriez mieux de me conseiller que de me questionner, lui dis-je ; je ne peux pas être épris d’une femme que je n’ai pas vue, et je suis si surpris et si troublé, que je n’ai pas une idée dans la tête. Que penseriez-vous à ma place ?

— Veux-tu que je te dise comment je me suis raisonné dans une circonstance analogue ?

— Oui, je vous en prie.

— J’étais jeune et pas plus beau que je ne le suis, mais très-passionné pour les femmes, et les femmes prisent beaucoup ces natures émues. J’avais donc des succès autant qu’un autre, mais des succès bizarres comme ma figure et mon esprit. Une Anglaise riche à millions, dont j’avais repêché la nièce tombée à l’eau dans une traversée du lac de Genève, s’imagina de m’aimer et de vouloir être aimée. Je ne demandais pas mieux, bien que j’eusse préféré la nièce ; mais la nièce me trouvait