Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

dit Laurence ; on dominait un admirable paysage, et, quand, au retour de ma dernière absence, mon père m’a montré avec orgueil ce rempart qui en fait un tombeau en me disant : « J’espère qu’à présent tu te plairas ici ! » j’ai été pris d’un chagrin affreux ; mais il était si fier de son enceinte et de ses jeunes espaliers, que je n’ai rien dit ; seulement, je me suis réservé la partie que vous allez voir, un bout de terrain grand comme un mouchoir de poche, et qui fait mes délices parce qu’on n’y a rien touché et rien gâté.

Il ouvrit une petite porte dont il avait la clef sur lui, et nous nous trouvâmes sur une étroite langue de terre inculte que supportait un banc de grosses roches.

— Ceci n’est que le dessus, me dit-il quand j’eus admiré la vue ; je possède aussi le dessous. Descendez avec un peu de précaution.

Il disparut entre deux blocs ; je le suivis, et nous descendîmes à pic, de ressaut en ressaut, jusqu’à un petit torrent qui fuyait sans autre bruit qu’un clapotement mystérieux dans une coupure de laves. Nous étions dans une sorte de puits naturel ovale, car aux deux issues la roche se resserrait au