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Il accepta, mais à la condition que j’irais avec lui chez son père, qu’il n’avait pas vu de la journée, et qui pouvait être inquiet de lui. Nous descendîmes lestement la montagne, et, suivant le cours rapide de la Volpie, nous fûmes bientôt en plaine. Laurence me conduisit à vol d’oiseau à travers de magnifiques prairies jusqu’au faubourg de la ville, qui n’était pas beaucoup plus laid et plus malpropre que la ville elle-même. Entre deux pompeuses murailles de fumier, nous gagnâmes la maison et le clos du père Laurence, qui n’avait rien de poétique, je vous assure. L’absence de femme se faisait sentir dans tous les détails de la cour et de l’intérieur, car on ne pouvait qualifier de femme la vieille virago qui transportait le purin dans un arrosoir tout en allant donner un coup d’œil, voire un coup de main, au pot-au-feu de temps à autre. Le jardin seul était bien tenu, et nous y trouvâmes le vieux Laurence occupé à bêcher un carré. C’était un homme de soixante et dix ans, bien conservé et d’une beauté remarquable, mais sans expression et sourd à ne pas entendre le canon. Il ne pouvait échanger le peu d’idées qu’il paraissait avoir qu’avec son fils, qui, sans élever la voix et en