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pas trouvé un seul, parmi ceux qui étaient mes défenseurs naturels, qui ait osé dire à cet homme d’épée : « Vous en avez menti ! » Il a fallu qu’à propos d’une autre femme un comédien, un tout jeune homme, lui donnât la leçon qu’il méritait. J’ai été dès ce moment résolue à ne plus combattre la passion que l’artiste m’avait inspirée et à faire sa fortune et son bonheur… s’il y consent !

— Diable ! fortune et bonheur ; quand on peut allier ces deux extrêmes, on consent toujours !

— Attendez ! ce n’est pas pour moi qu’il s’est battu. Je me suis informée de tous les détails ; c’est pour une camarade, c’est pour cette charmante Impéria dont je serais amoureux, si j’étais homme, et que j’ai applaudie depuis, quand même et de tout mon cœur. Je suis bonne et je sais être juste. Si ces jeunes gens s’aiment, ce qui est bien possible et bien naturel à supposer, gardez-moi le secret, je ne vous ai rien dit, et, moi, je me résignerai, je me vaincrai : je n’aurai rien espéré, rien senti ; mais, si, comme quelques-uns le disent, il n’y a absolument rien entre eux, si Laurence a voulu seulement faire respecter en lui la dignité de l’artiste, vous qui devez savoir la vérité, vous dont le