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— Je suis un homme qui a tant vu de choses extraordinaires, qu’il ne s’étonne plus de rien, et, quant à mon opinion, elle ne doit pas vous inquiéter. Je n’ai pas l’honneur de vous connaître, je ne sais ni votre nom, ni votre condition, ni votre paya, ni votre demeure, puisque vous n’êtes point ici chez vous ; ni votre âge, ni votre figure, puisque vous me la cachez sous un voile. Vous m’avez écrit que je pouvais vous rendre le repos ou vous donner le bonheur. J’ai fort bien compris qu’il s’agissait d’une affaire de cœur, et je n’ai pas supposé un instant que vous fussiez éprise de mes quarante ans et de ma figure tannée. Votre lettre était pressante et charmante. Je suis humain et obligeant, je suis venu. Vous m’avez demandé le secret, je me fais un devoir de justifier votre confiance. Me voici donc à vos ordres, parlez, allez au fait sans crainte. Les nuits sont courtes en cette saison, ne perdez pas de temps, si vous craignez qu’on ne vous voie sortir d’ici.

— Vous me paraissez si bon, et je vous sais si délicat, que j’aurai du courage. J’aime un jeune homme qui fait partie de votre troupe.

— Laurence ou Léon ?