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petite blessure me faisait un peu souffrir, et, le premier étonnement faisant place au besoin de repos et de sommeil, je m’assis sur la causeuse, je jetai une allumette dans l’édifice de fagots dressé dans la cheminée, et je commençai à me débarrasser de ma chaussure, dont je rougissais de promener l’empreinte blanchâtre sur le tapis.

En regardant l’image du lit dans la glace de Venise penchée devant moi, je remarquai que la courte-pointe de soie n’avait pas été enlevée, et que rien n’annonçait que ce beau lit ne fût pas un meuble de parade. J’allai soulever les plis du damas, et je vis qu’il n’y avait ni draps ni couvertures sur les matelas de satin blanc. Ceci me donna derechef à réfléchir. Évidemment, on ne m’avait pas destiné ce gîte luxueux, ou bien il y avait quelque part un lit plus modeste à la portée des simples mortels. Je le cherchai vainement. Rien dans les cabinets de toilette, aucune alcôve cachée dans la muraille ; rien pour s’étendre, à moins que l’occupant normal de la chambre bleue ne fût une toute petite dame capable de se blottir dans la causeuse de satin de Chine. Pour moi, qui avais déjà mes cinq pieds cinq pouces de stature,