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J’étais tout entier au plaisir calme de la contemplation, et je voyais les derniers reflets du couchant s’éteindre dans un ciel admirablement pur. Ce présage de beau temps pour le lendemain me rappela le projet que j’avais formé d’aller voir une cascade qu’un de mes prédécesseurs dans l’emploi que j’occupais m’avait recommandée. Il était trop tard pour entreprendre une promenade quelconque ; mais, comme je passais près d’un cabaret rustique d’où sortaient du bruit et de la lumière, je résolus d’y demander des renseignements. Je tombai au milieu d’une noce villageoise. On buvait et on dansait. La première personne qui s’aperçut de ma présence fut précisément le beau Laurence.

— Eh ! père Tournache, s’écria-t-il d’une belle voix forte et claire qui dominait toutes les autres, un voyageur ! servez-le. Il ne faut pas, parce qu’on s’amuse chez vous, oublier les gens qui ont le droit de s’y reposer. — Venez, monsieur, ajoutât-il en me donnant sa chaise, il n’y a plus place nulle part. Prenez la mienne, je vais danser une bourrée dans la grange, et, en passant, je dirai qu’on vous serve.