Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée

colère pendant que la pauvre Impéria pâlissait, et me jetait un de ces regards navrés qui demandent involontairement au premier honnête homme venu protection ou vengeance.

— Il ne s’en vante peut-être pas, répondit la Sainte-Claire, il le confie à tout son régiment, et c’est pour répondre à cette confiance que mon baron, qui n’est pas la libéralité même, s’est fendu aujourd’hui d’un grand dîner pour la maîtresse de son frère. Il faut vous dire que le baron est jaloux de moi, parce que le capitaine m’en conte aussi. Il est donc charmé quand le capitaine en conte à d’autres ; mais le capitaine a beau se distraire, il en reviendra toujours à moi, qui tiens les cordons de la bourse, vous comprenez ?

Impéria passa son bras sous le mien comme pour s’en aller ; elle était si émue, que je crus qu’elle se trouvait mal, et que son nom m’échappa. La Sainte-Claire, en voyant la bévue qu’elle venait de faire, peut-être avec intention, n’éprouva aucune confusion, et, avec l’insouciance des gens mal élevés, se prit à rire aux éclats.

— Allons-nous-en, me dit Impéria en m’em-