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fit servir des rafraîchissements et continua de nous parler sans façon et sans détour devant les servantes.

— Ah çà ! mes petits enfants, reprit-elle, qui êtes-vous dans la troupe de Balandar ? Ah ! pardon, vous l’appelez Bellamare à présent, c’est son nom de théâtre ; autrefois, il s’appelait Balandar, ce n’était peut-être pas non plus son nom. Nous autres, vous savez, on a le nom qu’on veut ou qu’on peut ! Moi, pour le moment, je suis une ancienne fille noble qui a eu des malheurs. Vous savez, toujours le même truc ! Les Vachard qu’on rencontre sur son chemin n’y croient pas, mais ils aiment à se le persuader, et ils le répètent à leurs amis et connaissances, ça fait bien ! Il a dû vous parler de moi, votre directeur ? Il m’aimait bien autrefois, du temps que j’étais une jeune et jolie fille, mince comme vous, ma petite, et lui… je ne dirai pas, mon garçon, qu’il était beau comme vous, mais il avait la jeunesse, et l’esprit, et un certain charme avec les femmes. Les adore-t-il toujours toutes à la fois, le vaurien ? Ma foi, j’ai été bien jalouse de lui, et je me suis bien vengée ; mais dites-moi donc, petite, ce n’est pas vous celle