Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/166

Cette page n’a pas encore été corrigée

meur, et avisant le cheval du capitaine qu’un soldat tenait en main tandis que le capitaine se démenait pour ramener Marco à une conduite plus convenable, je sautai sur ce cheval de bonne mine et bien équipé ; je lui mis les talons au ventre si lestement, que le soldat abasourdi lâcha les rênes, et je partis comme un trait en faisant signe à Impéria de me suivre. Elle m’avait compris, elle m’approuvait, et, d’ailleurs, sa jument avait coutume de suivre la monture dont je m’étais emparé. Je ne savais pas monter à cheval par principes, mais j’avais les jambes nerveuses, le corps souple et la confiance du paysan. Pour être plus sûr de moi, j’avais relevé les étriers et je galopais comme au temps oh, à travers les prés, je rasais l’herbe fraîchement coupée, sur le cheval nu, avec une corde pour tout rein. Impéria, élevée aussi à la campagne et bien dressée à tous les nobles exercices, était une remarquable écuyère. En un clin d’œil, nous eûmes traversé la grande place du Martroy et toute la ville d’Orléans, suivis à une notable distance par la cavalcade, qui riait, criait et applaudissait. Les jeunes officiers étaient enchantés de mon audace et du tour joué au capitaine. Quant à lui, il ne riait pas