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pommes qu’un vent d’orage amenait jusque sur mes couvertures. Parfois, il me semblait que, dans cette bonne ville d’Orléans, où certes personne ne songeait à moi, on se promenait une lanterne à la main dans les rues, et que le but de cette illumination était pour tous les citadins de s’aborder en disant : « Avez-vous remarqué comme ce jeune acteur a été mauvais dans la comédie ? »

— Tu n’as pas été mauvais, me dit Léon le lendemain. Tu as perdu l’occasion d’être bon, voilà tout.

— Mais peut-on être bon dans un rôle nul ?

— On peut y être convenable, c’est-à-dire chercher la limite juste du personnage. Tu as trouvé cette limite à la répétition ; pourquoi es-tu resté en deçà ?

— J’ai été paralysé.

— C’est un bien petit accident, et ce sera peut-être le seul. Tâche de ne pas faire comme moi, qui, dès le premier jour, ai échoué pour ne plus me relever.

— Que me dis-tu là ? Si j’avais le quart de ton talent, je me trouverais bien heureux !

— Mon cher Laurence, je n’ai pas l’ombre de