Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

tance, un petit amoureux de M. Scribe. Il ne fallait qu’un peu de tenue, et grâce à Bellamare, j’étais fort bien de ma personne ; mais je me sentais très-froid, et, au second acte, je me trouvai complètement glacé en découvrant la jolie tête fine d’Impéria, qui me regardait de la coulisse ; elle était arrivée depuis un instant, et, sachant combien Bellamare s’intéressait à moi, elle s’intéressait à mon début. Elle m’écoutait, elle m’étudiait, rien de moi ne pouvait échapper à son examen. Un vertige passa devant mes yeux, qui devinrent troubles et hagards probablement. Je me sentis inondé de lumière, bien que le luminaire ne fût pas brillant, et j’aurais voulu me perdre dans je ne sais quel crépuscule qui eût voilé mes défauts. La crainte d’être ridicule me paralysa, et au moment où je devais me passionner un peu, je me sentis si gauche et si mauvais, que j’eus une envie folle de me sauver dans la coulisse ; j’ignore comment j’y rentrai et si je n’écourtai pas mon rôle. J’étais prêt à me trouver mal, je chancelais comme un homme ivre. Bellamare entrait en scène, il n’eut que le temps de me dire en passant :

— Du courage donc ! ça va très-bien !