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chitique placé sur le balcon, n’eût pris soin de me le faire remarquer.

— Vous regardez le beau Laurence, n’est-ce pas ? me dit-elle en laissant tomber sur l’Antinoüs en goguette le regard le plus ironique et le plus dédaigneux.

Et, répondant à ma réponse sans l’attendre :

— C’est un joli garçon, je ne dis pas le contraire ; mais voyez ! toujours en mauvaise compagnie ! Je veux bien qu’il soit fils de paysan ; mais il a un oncle riche et titré, et, d’ailleurs, quand on a reçu de l’éducation, qu’on porte les habits d’un monsieur, on ne va pas trinquer dans les noces de village avec les premiers venus, surtout on ne traverse pas la ville en plein jour avec des gotons comme ça sous son bras !… Mais ce gars-là est fou, il ne respecte rien, et il y a une chose surprenante, monsieur : c’est qu’il ne s’adresse jamais à une jolie fille qui pourrait lui faire honneur. Il trimballe toujours des monstres, et pas des plus sévères, je vous prie de le croire !

— Je croirai tout ce que vous voudrez, madame Ouchafol ; mais comment expliquez-vous ce goût bizarre ?