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était devenue sérieuse dans son esprit. Ne se connaissant pas d’autre parent qu’un grand-oncle qui avait été, disait-il sous-aide porte-foin dans les écuries de Louis XVI, il s’était persuadé, par une liaison d’idées difficile à saisir, qu’il pouvait être d’origine vénitienne et de race patricienne. Bellamare racontait plaisamment les étranges notions de Purpurin sur toutes choses, sans chercher à les expliquer. Ce personnage l’amusait, disait-il, à force de l’impatienter, et il avait le privilège de l’étonner toujours par quelque sottise impossible à prévoir, par quelque fantaisie impossible à définir. En fait, c’était un maître sot, aux trois quarts fou, plein d’estime pour lui-même et de dédain pour les gens placés au-dessous de lui. Il n’avait qu’une vertu, qui était de chérir Bellamare et de partager au besoin sa mauvaise fortune avec une confiance superstitieuse dans sa destinée.

— Il faut bien, disait-il, que M. Bellamare soit ce qu’il est, c’est-à-dire un homme de cœur et de génie, pour que je me sois attaché à la personne d’un artiste, moi qui ai servi dans de grandes maisons du faubourg Saint-Germain, et à un républicain, moi qui suis légitimiste de père en fils.