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raient mal, des situations qui nécessiteraient un décor impossible, des rôles entiers qui manquent dans le personnel. Ces coupures, parfois ingénieuses, parfois absurdes, selon le génie du directeur, passent bien souvent inaperçues, Lambesq, notre premier rôle, n’avait qu’une idée en tête, celle d’effacer tous les rôles qui n’étaient pas le sien. Dans une scène à trois, il voulait se faire attribuer les répliques du second interlocuteur ; dans une scène à deux, il voulait faire lui-même les questions et les réponses. Je me souviendrai toujours de la neuvième scène du troisième acte du Mariage de Figaro, où la grâce et la gentillesse de Suzanne lui portaient ombrage. Dans cette scène, coupée en dialogue vif et serré, il déclara à la répétition que mademoiselle Anna ne lui donnait pas la réplique assez vite et que son rôle à lui languissait d’autant. Il proposa donc très-sérieusement de la modifier ainsi ; écoutez d’abord comme le dialogue s’engage :

SUZANNE, essoufflée.

Monseigneur !… pardon, monseigneur !

LE COMTE ALMAVIVA.

Qu’est-ce qu’il y a, mademoiselle ?