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tre. Parfois aussi l’acteur s’incarne dans son personnage et n’en sort plus. Tel qui n’aimait : que la pipe et le billard devient un profond politique parce qu’il a joué des personnages historiques sérieux ; tel autre qui se croyait républicain radical devient conservateur parce qu’il joue les financiers. Ainsi, tantôt le contraste s’efface ; la fiction et la réalité se confondent dans l’homme à tel point que celui qui a droit à un prix Montyon renoncerait à son état plutôt que de consentir à représenter une mauvaise action en scène ; tantôt le contraste s’accuse et arrive à la dernière limite, à ce point que le plus désintéressé des hommes peut exceller à représenter la figure de Shylock.

J’ai eu un camarade de théâtre qui s’était fait trappiste pendant quelques années et qui m’a raconté des choses étranges et romanesques sur l’intérieur des couvents. Il paraît que la vie monastique est aussi un écueil où viennent échouer les débris les plus disparates de la société humaine, et que les caprices de la destinée y sont personnifiés à peu près comme au théâtre ; mais là tout s’éteint et cesse d’être, la règle abrutissante vient à bout de toute* les excentricités. Au théâtre, rien