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un père de famille qui mène ses enfants à la campagne aussitôt qu’il a un jour de congé. En voici un autre qui fait de la peinture charmante et qui représente les épiciers ; un autre, qui joue les gens du grand monde, les ducs et les princes, a la passion des échecs ou celle de la pèche à la ligne ; d’autres sont chasseurs, canotiers, pianistes, mécaniciens, que sais-je ? Et ces dames ? Celle-ci est une courtisane et joue les ingénues h ravir ; celle-là est une respectable mère de famille, et elle joue les courtisanes avec supériorité ; celle-ci a une diction merveilleuse d’élégance et de pureté, elle sait à peine lire ses rôles et n’en comprend pas le premier mot ; celle-là dit mal et paraît sans intelligence, elle est très-correctement instruite, et pourrait tenir un pensionnat. Voici une duègne austère, c’est une diseuse de mots risqués ; voilà une paysanne ronde et hardie, une soubrette égrillarde,… chut ! ce sont des dévotes renforcées, peut-être des colombes mystiques du père Trois-Étoiles, qui, a la spécialité des conversions dramatiques.

Ainsi tout est contraste, apparence vaine, mensonge officiel dans cette existence simulée du théâ-