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comme il était un fantassin propre, ponctuel et brave, ses camarades, qui l’aimaient malgré sa rudesse, crurent qu’il aurait de l’avancement. Il n’en fut rien, et, nonobstant sa bonne tenue et son assiduité au service, il fut rayé du tableau pour cause d’insubordination. Il est vrai de dire qu’il détestait ses supérieurs, quels qu’ils fussent, et qu’il leur répondait mal. Soumis à la règle, il ne pouvait supporter le commandement personnel dès qu’il lui semblait dépasser les limites de l’autorité stricte, ou ne pas les atteindre scrupuleusement. Un esprit de critique très-singulier chez un homme si mal classé dans le monde, très-fâcheux dans la position où il se trouvait, s’était développé en lui et tendait à devenir le fond de son caractère, l’obstacle de son avenir. Il eut plus de punitions que de récompenses, et, quand il eut fait son temps, n’espérant rien d’un rengagement, il revint en France aussi seul, aussi dénué qu’il en était sorti.

Au régiment, il s’était beaucoup exercé à tous les genres de gymnastique, et dans tous il avait été le premier. Il n’aimait pourtant pas l’état de gymnaste, et la perspective de recommencer ses exercices en plein vent ne lui souriait pas. Il fut