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enfant, très-résigné, très-patient et très-fidèle. L’Auvergnat n’avait qu’un défaut : c’était un maître ivrogne, et bien souvent, fléchissant sous le poids de sa marchandise, il la semait sur les chemins. Hilarion, avec un peu d’exercice, devint un cheval de bât capable de porter tout le fonds de commerce de son patron. En outre, comme il avait bon cœur, il ne l’oubliait pas au revers des fossés, où il faisait de fréquents sommes le long des routes. Quand il le voyait tituber ou divaguer, il l’emmenait prudemment en rase campagne, loin des querelles et à l’abri des voleurs. Il veillait sur le maître et sur la cargaison ; il cumulait les fonctions du cheval et celles du chien.

L’Auvergnat se mit à chérir Hilarion, et il l’associa à ses bénéfices. L’enfant eût ainsi gagné et amassé quelque chose ; mais, quand le patron avait soif, il lui empruntait sa part de gain et oubliait de la lui rendre. Il est vrai qu’Hilarion oubliait de la réclamer.

Cette amitié et cette association durèrent longtemps ; Hilarion avait vingt ans quand l’Auvergnat mourut hydropique dans un hôpital, laissant un peu d’argent que son jeune associé porta aux héri-