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n’est pas difficile en province, on n’y est pas gâté, et, pour un succès d’aspect, vous, avez tout ce qu’il faut. À un acteur déjà lancé, je ne fais pas d’observation ; mais vous m’intéressez, vous me plaisez, et vous vous jetez tête baissée dans l’inconnu : je vous devais la vérité.

Je le remerciai chaleureusement et promis de réfléchir ; mais je ne réfléchis point, je ne pensai qu’à Impéria, dont il m’était impossible de me voir éternellement séparé. Je rassemblai toutes les forces de ma volonté pour une entreprise désespérée, et, un mois après, je partais pour la province avec Impéria, Bellamare et la troupe qu’il avait recrutée. J’ai donc été comédien, monsieur, comédien pendant trois ans, et je m’y suis toujours comporté en honnête homme, j’en suis sorti sans reproche ; mais je n’en ai pas moins rompu avec l’avenir auquel je pouvais prétendre, et j’ai failli faire mourir mon père de chagrin, comme je vous le dirai un autre jour, car il y a longtemps que je parle, et vous devez être las de m’entendre.

— Nullement ; si vous n’êtes pas fatigué, continuez. Je désire savoir la suite de votre amour pour la charmante Impéria.