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mière vue un acteur comique d’un certain ordre, et je me demandais si ce n’était pas une célébrité, lorsqu’il m’adressa la parole pour me demander si j’appartenais au théâtre. Je faillis lui répondre par un éclat de rire, tant sa voix et sa prononciation nasales étaient bizarres ; mais je me contins vite, car cette voix était un trait de lumière : je me trouvais enfin en présence de l’illustre impresario Bellamare. En même temps, par une liaison d’idées bien logique, je retrouvais le souvenir de sa figure : je l’avais vue photographiée sur une carte au chevet d’Impéria.

Je le saluai respectueusement, et en trois mots je le renseignai sur mon compte, lui exprimant le désir de débuter le plus tôt possible en province. Il me regarda un peu comme un maquignon regarde un cheval, en tournant autour de moi, en examinant les pieds, les genoux, les dents, les cheveux, et en me priant de faire quelques pas devant lui, mais tout cela d’un air joueur et paternel qui ne pouvait me blesser.

— Diable ! dit-il après un instant de réflexion, il faudra que vous soyez bien mauvais pour ne pas plaire à une moitié du public, celle qui porte des