Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

parla avec la même douceur et la même confiance qu’elle accordait aux autres.

Je restais partagé entre le désir et la crainte de la détromper, lorsqu’un beau jour elle me força de la rassurer complètement. On venait de parler précisément de Corinne, qui s’en laissait conter par tout le monde sans faire cas de personne, et, comme d’habitude, la causerie générale était interrompue par l’appel de l’avertisseur. Je me vis enfin seul avec Impéria pour la première fois.

— Je vous trouve un peu cruel pour ma camarade, me dit-elle ; est-ce par dépit ?

— Je vous jure bien que non ! répondis-je.

— C’est que vous êtes tous sans pitié, je le vois bien, pour les femmes qui ne répondent pas à vos flatteries.

— Si j’avais à accuser mademoiselle Corinne, ce serait parce que, sans y répondre, elle les écoute ; mais que vous importent nos dépits et nos rancunes d’enfant, à vous qui ne vous laisseriez pas même dire la vérité ?

— Comment cela ?

— Si on vous disait le bien qu’on pense de vous, vous vous fâcheriez. Vous n’avez donc point