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Je vous disais que l’herbier est un cimetière ; hélas ! le mien est rempli de plantes cueillies par des mains amies que la mort a depuis longtemps glacées. Voici les graminées que mon vieux précepteur Deschartres prépara et classa ici, il y a soixante-quinze ans, pour mon père, qui avait été son élève ; elles ont servi à mes premières études botaniques ; je les ai pieusement gardées, et, si j’ai rectifié la classement un peu suranné de mon professeur, j’ai respecté les étiquettes jaunies qui gardent fidèlement son écriture… J’ai trouvé dans un volume de l’abbé de Saint-Pierre, qui a été longtemps dans les mains de Jean-Jacques Rousseau, une saponaire ocymoïde qui m’a bien l’air d’avoir été mise là par lui. — De nombreux sujets me viennent de mon cher Malgache, Jules Néraud, dont le livre élémentaire et charmant, Botanique de ma fille, a été réédité avec luxe par Hetzel, après avoir longtemps dormi chez l’éditeur de Lausanne.

Cet aimable et excellent ouvrage est le résumé de causeries pleines de savoir et d’esprit que j’écoutais en artiste et pas assez en naturaliste. Je ne me suis occupé un peu sérieusement de botanique que depuis la mort de mon pauvre