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de la nature, et je ne vois plus rien, je ne comprends plus, je ne vis plus.

La matière qui n’a pas la vie, et la vie qui ne se manifeste pas dans la matière ont-elles conscience du besoin qu’elles éprouvent de se réunir ? Ce n’est pas très-probable sans la supposition d’un agent souverain qui les pousse irrésistiblement l’une vers l’autre. Quel est-il ? son nom ? Le nom que vous voudrez parmi ceux qui sont à l’usage de l’homme ; moi, je n’en peux trouver que dans le vocabulaire classique des idées actuelles : âme du monde, amour, divinité. Je vois dans la moindre étude des choses naturelles, dans la moindre manifestation de la vie, une puissance dont nulle autre ne peut anéantir le principe. La matière a beau se ruer sur la matière et se dévorer elle-même, la vie a beau se greffer sur la vie et s’embrancher en d’inextricables réseaux où se confondent toutes les limites de la classification, tout se maintient dans l’équilibre qui permet à la vie de remplacer la mort à mesure que celle-ci opère une transformation devenue nécessaire. Je sens le souffle divin vibrer dans toutes ces harmonies qui se succèdent pour arriver toujours