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hardi, j’en conviens, à braver les foudres de l’intolérance et à vouloir attribuer à la science la liberté de tout nier. Inclinons-nous devant le droit qu’elle a de se tromper. Ses adversaires en usent si largement ! Mais attendons, pour nier l’action divine qui préside au grand hyménée universel, que l’homme soit arrivé par la science à s’en passer ou à la remplacer.

— Vous ne pensez, nous disent les médecins positivistes, que parce que vous avez un cerveau.

Très-bien ; mais, sans ma pensée, mon cerveau serait une boîte vide. — Nous pouvons mettre le doigt sur la portion du cerveau qui pense et oblitérer sa fonction par une blessure, notre main peut écraser la raison et la pensée ! — Vous pouvez produire la folie et la mort ; mais empêcher l’une et guérir l’autre, voilà où vous cherchez en vain des remèdes infaillibles. Cette pensée qui s’éteint ou qui s’égare dans le cerveau épuisé et meurtri est bien forcée de quitter le milieu où elle ne peut plus fonctionner.

— Où va-t-elle ? — Demandez-moi aussi d’où elle vient. Qui peut vous répondre ? Me direz-vous d’où vient la matière ? Vous voilà étudiant