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guère celles qui protestent et dégénèrent. Celles-ci, les indépendantes qui ne se plient pas à nos exigences, sont celles justement qui m’intéressent et que j’appellerais volontiers les libres, les vrais et dignes enfants de la nature. Leur révolte est encore chose utile à l’homme. Elle le stimule et le force à étudier les propriétés du sol, les influences atmosphériques et toutes les conséquences du milieu où la vie prend certaines formes pour creuset de son activité. Les droséracées, les parnassées, les pinguicules, les lobélies de nos terrains tourbeux ne sont pas faciles à acclimater. La vallisnérie n’accomplit pas ses étranges évolutions matrimoniales dans toutes les eaux. Le chardon laiteux n’installe pas où bon nous semble sa magnifique feuille ornementale ; les orchidées de nos bois s’étiolent dans nos parterres, l’orchis militaris voyage mystérieusement pour aller retrouver son ombrage, l’ornithogale ombellé descend de la plate-bande et s’en va fleurir dans le gazon de la bordure ; la mignonne véronique Didyma, qui veut fleurir en toute saison, grimpe sur les murs exposés au soleil et se fait pariétaire. Pour une foule de charmantes petites indigènes, si