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de quelque butineur ailé ou rampant, est exposée à perdre ses anthères avant leur formation complète. La nature lui fournit des rudiments pour les remplacer, et leur avortement, loin d’être maladif, prouve l’état de santé de l’organe qui les absorbe. Dirons-nous que la floraison exubérante des arbres à fruit est une erreur de la nature ? La nature est prodigue parce qu’elle est riche, et non parce qu’elle est folle.

» Nous voulons bien, — je fais toujours parler les savants à ma guise, ne leur en déplaise, — nous voulons bien ne pas l’appeler généreuse, pour ne pas nous égarer dans les questions de Providence, qui ne sont pas de notre ressort et dont la recherche nous est interdite ; mais, s’il fallait choisir entre ce mot de généreuse et celui d’imbécile, nous préférerions le premier comme peignant infiniment mieux l’aspect et l’habitude de ses fonctions sur la planète. Donc, nous rejetons de notre vocabulaire scientifique les mots impropres et malsonnants d’avortement et de maladie appliqués aux opérations normales de la vie. »

Les savants eussent pu exprimer cette idée en de meilleurs