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Le savant proprement dit est calme, il le faut ainsi. Aimons et respectons cette sérénité à laquelle nous devons tant de recherches précieuses, mais ne nous croyons pas obligés de conclure avec le savant quand il arrive par l’induction à un système froid. Ce seul adjectif le condamne. Rien n’est froid, tout est feu dans la production de la vie.

Ceci me rappelle une anecdote. Un élève botaniste de mes amis étudiait la germandrée et se sentait pris d’amour pour cette plante sans éclat, mais si délicatement teintée. Au milieu de son enthousiasme, en lisant la description de la plante dans un traité de botanique, excellent d’ailleurs, il tombe sur cette désignation de la corolle : fleur d’un jaune sale. Je le vois jeter le livre avec colère en s’écriant :

— C’est vous, malheureux auteur, qui avez les yeux sales !

On pourrait en dire autant aux malveillants qui jugent à leur point de vue les actions et les intentions des autres ; mais aux bons et graves savants qui voient la nature froide en ses opérations brûlantes on pourrait peut-être dire :

— C’est vous qui avez l’esprit refroidi par trop de travail.