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dans un tas de fagots, presque côte à côte avec un garde qui l’eût arrêté — car ordre était donné à tous de l’appréhender — et qui ne le vit pas.

— Nous avons très-bien dormi tous deux, disait-il en racontant l’anecdote ; seulement, cette fois-là, j’ai eu bien soin de ne pas ronfler.

On le cherchait toujours. Je lui avais conseillé de changer de province. Je lui avais trouvé un gîte sous un nom supposé dans une maison où, de jardinier, il devint bientôt chef de travaux, gardien et régisseur. Je pourrai dire un jour le nom de l’honnête homme qui le recueillit et l’aima. Aujourd’hui, je ne veux compromettre que moi.

Patureau fut compris dans la liste des exilés. Il en prit son parti sans colère.

— Que voulez-vous ! disait-il, les gens qui viennent pour nous juger ne nous connaissent pas. Ils consultent certaines personnes qui souvent ne nous connaissent pas davantage, et qui nous jugent, non sur ce que nous sommes, mais sur ce que nous pourrions être après tant de misères, de persécutions. Me voilà traité comme un buveur de sang, moi qui n’aime pas à tuer une mouche !