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douceur et leur vertu, contre l’arrêt aveugle qui les frappe ! »

En 1848, Patureau avait été élu maire de Châteauroux. Inde irae. Il remplissait avec fermeté et impartialité ses fonctions, préservant les uns, apaisant les autres, tâche difficile et délicate s’il en fut ! Mais, si quelques-uns se sont souvenus de sa conduite et se sont chaudement employés — le marquis de Barbançois entre autres — pour l’arracher à l’exil, il en est beaucoup qui lui ont imputé les agitations populaires de certains moments de crise. Une cruelle préoccupation agissait alors dans l’esprit d’une fraction irritée de la bourgeoisie. Ce maire en blouse et en sabots — il était trop pauvre pour être mieux vêtu — faisait, disait-on, souffrir, malgré son extrême politesse et le tact exquis dont il était doué, l’orgueil de certaines familles aristocratiques, dont il consacrait les actes civils. Il y avait d’ailleurs là, comme partout, jalousie de crédit et d’autorité, et puis la peur, une peur simulée, la plus dangereuse de toutes. On savait bien que Patureau était sage et humain ; mais ce peuple inquiet, passionné, dont il traînait tous les cœurs après lui : comment lui pardonner cela ?