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Mais je pense qu’ayant renouvelé notre être,
Et l’ayant affranchi du cuisant souvenir,
Il nous dit : « Recommence, homme, tu vas renaître,
Et retourner là-bas pour vivre et pour mourir.

» Tâche qu’à ton retour, je te retrouve digne
De rester près de moi pendant l’éternité ;
Pour te faire obtenir cette faveur insigne,
Ne t’ai-je pas cent fois rendu ta volonté ?

» Je n’ai jamais puni d’une peine éternelle,
L’homme ingrat et chétif qui ne peut m’offenser.
J’ai fait courte et fragile une phase mortelle,
Où croyant vivre, enfant, tu ne fais que passer.

« Reprends donc ton fardeau, refais ta rude tâche !
C’est dur ! mais c’est un jour dans l’abîme du temps.
Ce jour mal employé ne sert de rien au lâche,
Mais il peut conquérir le Ciel aux militants. »

Des révélations que nous ouvre la tombe,
Nous ne conservons pas le souvenir distinct :
Sous le poids de la chair l’esprit divin succombe,
Mais nous en retenons un doux et vague instinct.

L’enfant, dès qu’il connaît le baiser de sa mère,
Aime avant de comprendre. — Aimer est le besoin